Si
les habitants de Quelern furent les premiers à obtenir satisfaction,
ils ne furent toutefois pas les premiers a vouloir obtenir leur
indépendance. Dans cette entreprise, les Lanvéociens ont fait preuve
de beaucoup de ténacité et de patience.
Déjà, en 1830, le géomètre Dessaux
projetait la création d'une nouvelle commune à Lanvéoc, mais
Sa proposition resta sans suite. Dès 1821 cependant, une ordonnance
royale avait institué un poste d'adjoint au maire de Crozon
pour le port de Lanvéoc. Ce poste fut occupé de sa création
jusqu'à 1851 par François Jamault, commerçant à Crozon.
Le 12 avril 1843, M. Jamault
transmet une pétition au préfet, visant à obtenir l'érection de
Lanvéoc en chef-lieu de commune. "Vous connaissez comme
moi la situation de Lanvéoc, la vaste étendue de la commune
de Crozon, sa nombreuse population et l'impossibilité où
nous sommes de communiquer avec Crozon sans nous exposer
aux inconvénients et même accidents les plus déplorables".
Venant de Brest, après une traversée épique, apparaît à Lanvéoc,
le 12 novembre 1843, le baron Bachelot de La Pylaie, " antiquaire
", à la recherche de vestiges archéologiques. Selon lui,
Lanvéoc compte alors plus de 350 individus mais dépend de Crozon,
or "il y a plus d'une lieue et demie de distance d'un endroit
à l'autre". L'état-civil comme les affaires nécessitent le
déplacement à Crozon, or selon La Pylaie le chemin vicinal
de "Lanvaux" à Crozon est des plus abandonnés
de toute la Bretagne. Il est vrai que La Pylaie a pu le constater
lui-même, le 14 décembre, lorsque sa monture s'est affaissée dans
la boue de la mare de Treyer. "Crozon accapare toujours
pour ses besoins exclusifs et ses relations directes avec Quimper,
Le Faou et Châteaulin, avec Camaret et Brest, les
sommes que le gouvernement accorde pour les besoins de cette trop
vaste commune".
La Pylaie s'est fait le porte-parole
des Lanvéociens auprès du préfet, auquel, dans un courrier du 3
janvier 1844, après avoir indiqué qu'il lui "a été facile de
reconnaître la justice de leur demande", il précise que
Crozon "serait fâché de perdre les 1500 Fr du produit des
octrois de Lanvaux, dont il (le conseil municipal de Crozon)
fait exclusivement son profit".
Le préfet répond qu'il va faire
hâter les formalités préalables afin de présenter la demande au
Conseil d'Arrondissement, mais cela resta apparemment sans suite.
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